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La colocation

par Célia CHOMAZ 12 Mai 2016, 08:35 Vivre Ensemble

La colocation

Phénomène qui se développe à une vitesse fulgurante, la colocation est aujourd'hui un bon moyen de vivre en communauté. Très prisée des étudiants il y a quelques années, elle s'est aujourd'hui généralisée et est également recherchée par les salariés voire même les retraités.
Outre son aspect financier qui est un avantage non négligeable, la colocation s'inscrit dans une idée de partage, de solidarité, de découvertes et parfois même, de nouvelles connaissances.
Rien n'est pareil lorsque l'on vit à plusieurs. Ainsi, si vous êtes plutôt du genre ermite, pas sûre que la coloc' vous ravira. Parce qu'une fois engagé, il faudra accepter toutes les contraintes de la vie en groupe : le bruit, la bouffe de mamie dans le frigo rangée à tel ou tel endroit, son petit lopin de placard pour poser ses pâtes et son riz, les amis de tes colocs, les habitudes de chacun etc.

La coloc, avec qui ?
Au cours de mes différentes lectures et différents témoignages, j'ai quand même constaté que la colocation étudiant/salarié ce n'est pas toujours drôle. En effet, quand l'un a des horaires de boulot souvent bien définis, l'autre vis un peu au jour le jour. Sans compter les soirées étudiantes, les apéros à rallonge, les soirées télés avec les potes, les soirées révisions qui n'en sont en réalité pas, etc. Les modes de vie sont différents et cela peut poser problème.
Privilégiez donc plutôt une colocation avec des locataires ayant à peu près le même train de vie.

Concernant les colocataires, là encore, libre choix de vous mettre avec des amis ou de parfaits inconnus. Comme tout, il y a des avantages et des inconvénients.
J'ai souvent entendu que les amis qui se retrouvent en coloc' peuvent devenir fous au bout de deux mois. On a beau traînasser toute la journée avec ses copains, au fond, on ne sait pas toujours comment ils vivent une fois rentrés à la casa. Idem, les amis auront plus tendance à se balancer les vérités dans la tronche, sans prendre de pincettes et parfois, ça peut faire mal. Mais là encore, rien n'est figé ! Des amis peuvent très bien s'entendre et vivre en parfaite harmonie. Et là, c'est parti pour une année (au moins) de folie !
Quant à la coloc' en mode inconnu, soit on tombe sur des colocataires dans le même délire et ça passe tranquilou pilou, soit on tombe sur colocs pas vraiment faits pour nous et là, ça devient plus compliqué (à voir qui partira le premier).

Les règles de vie
Pour ce qui est de l'instauration de règles, chaque coloc' est différente. Certains instaureront des règles pour les tâches ménagères, pour des horaires particuliers concernant les révisions ou les soirées, pour son étage dans le frigo, pour son carré de carrelage pour poser ses chaussures, pour le jeudi soir réservé à la débauche...tandis que d'autres se prendront en main tous seuls. Là encore, tout dépend sur qui on tombe. Mais il est claire que si un locataire ne fait pas sa part du boulot, il faudra sûrement remettre de l'ordre avant qu'il y ait un drame.

La coloc' c'est aussi et avant tout le partage. Alors partager un repas, le sel, le poivre, l'huile, le beurre, c'est pas mal. Brigitte n'a pas plus de sauce soja ? Pas de problèmes, Patrick peut lui en prêter ! Ça, c'est l'esprit coloc' !

Et puis, même si un soir vous avez une folle envie de danser jusqu'au bout de la nuit avec vos amis, respectez quand même vos colocs qui eux, n'ont peut-être pas les mêmes envies que vous ! Évitez de rentrer à 4h du matin en beuglant comme un bœuf, surtout si Michou a des partiels ou un rendez-vous important à 8h.

Les propriétaires peuvent être intrusifs ou peuvent laisser complètement libres les locataires. Ainsi, un propriétaire peut demander à ce que les lieux soient mieux entretenus, il est dans son droit. Mais attention, aucune visite "surprise" n'est admise de la part d'un propriétaire, il doit toujours en avertir ses locataires. Et là dessus, mon petit côté juriste ressort (il faut bien que ça serve à quelque chose ce Master 2 !) : un propriétaire qui rentre dans l'appartement loué sans en avertir son/ses locataires, c'est tout de même punissable d'un an de prison et 15.000 euros d'amende (article 226-4 du Code Pénal). Et oui, cette intrusion est considérée comme une violation de domicile. Donc, même si la visite est aussi furtive qu'une bactérie, il vaut mieux prévenir que guérir !

J'ai testé pour vous, la colocation.
Pour ma 7ème et dernière année d'étude, j'ai voulu tester la coloc'.
Avant tout pour un aspect financier, parce que l'année allait être courte : d'octobre à avril.
Parce que les semaines allaient être courtes : du mardi au vendredi ou du lundi au jeudi.
Parce que les allers/retours en voiture, mine de crayon, ça coûte cher (oui j'assume, j'ai abandonné la SNCF, mais ça, c'est une autre histoire).
Parce que la vie, Monsieur HOLLANDE, est de plus en plus chère !
Aussi, parce que j'en avais ras la casquette de rentrer le soir et d'être seule au monde, devant ma télé ou mon ordinateur et d'avoir pour seul interlocuteur, mon mur. Parler dans le vide c'est cool, mais quand t'as besoin de conseils, c'est frustrant.

Donc, début septembre, j'ai consulté les sites internet. J'ai retenu plusieurs offres, j'y suis allée, j'ai vu, j'ai été déçue. Pas assez grand, que des garçons (ça c'est mon côté un peu parano et mon côté j'ai déjà un homme dans ma vie et ça me suffit), trop délabré, trop cher, trop loin, trop ci trop ça, bref pas le coup de cœur. Jusqu'à ce fameux vendredi ! Perdue au milieu de la jungle chambérienne, désespérée, je me suis rendue à ce qui était pour moi mon ultime chance...et là, ça été le véritable coup de cœur. Tout était encore en travaux mais l'aube d'un jour nouveau n'était pas loin : pas cher, une proprio sympa, du matériel neuf, deux salles de bain, 4 chambres avec verrous, une télé, un canapé, une cuisine, une terrasse, un balcon BREF, j'ai aimé.
J'ai emménagé deux semaines plus tard avec de parfaits inconnus. Nous étions 3 filles 1 garçon (le pauvre diriez vous, mais détrompez vous !). Le petit plus : une étudiante allemande venue en tant qu'assistante de langue, du coup on a pu découvrir la culture allemande et elle a pu perfectionner son français, le bon deal quoi.
Le courant est tout de suite passé entre nous 4, chacun a pris ses marques très vite.
Pas d'instauration de règles de vie, on a fait au jour le jour, on est des fous nous ! Chacun respectait parfaitement la vie des autres. On a pas souvent mangé tous les 4 au même moment parce que les emplois du temps de chacun n'étaient pas toujours compatibles. Mais on a passé de sacrés bons moments. Des longues discussions sur tout et rien, des fous rires interminables, des repas digne de Master Chef, des pannes, des tea times, des apéros, les anniversaires, Noël, les réveils qui sonnent pas, A. qui frappe à la porte de P. pour être sûre qu'il va se lever...Le temps a filé à une allure impressionnante, chacun a personnalisé l'appart' (le paillasson, les magnets sur le frigo...), on a jamais fermé nos chambres, la confiance régnait, on se partageait la bouffe, la vaisselle était faite par chacun, les poubelles...bon d'accord, c'était souvent l'Allemagne qui les sortait (honte à nous).

Mes meilleurs souvenirs restent les moments "solidarité" : les coup de blues, quand tu rentres dépité mais que tu as tes colocs en face de toi qui sont là pour t'écouter, l'anniversaire de notre coloc allemande ou là franchement, ça été n'importe quoi (et la proprio doit encore s'en souvenir), les discussions de 2 heures qui partaient en sucette ("Quand j'étais petit, un jour, j'ai réalisé que je pouvais avoir plusieurs intonations de voix dans ma tête...Et depuis ce jour, c'est plus pareil, y a un truc qui a changé..."), les expressions de chacun, les amis de tes colocs, ça élargie ton champs de connaissance et ça fait du bien, les coups de gueule, les têtes de tes colocs les lendemains de soirée, enfin toutes ces petites choses qui égaient tes journées/soirées.

J'ai donc débarqué au milieu de nul part, sans connaitre personne et aujourd'hui, je peux véritablement dire que ces 3 zigotos sont entrés dans ma vie. On est tous partis les uns après les autres, seule A. est restée, nous l'avons abandonné à son triste sort, lui laissant les poubelles à sortir et les éviers à nettoyer au vinaigre blanc.
La soirée d'anniversaire de notre coloc allemande, ça été la dernière (et ironiquement la première) que l'on ait fait tous les 4, ensemble, unis, déterminés. On avait jamais passé une soirée dans le même bar, à boire des grandes choppes de bières, à refaire le monde, à rentrer à pieds et à laisser la voiture en ville parce que c'était plus raisonnable, notre coloc allemande poussant son vélo mais ne pouvant pas monter dessus, à découvrir que la ville de Chambéry a de magnifiques palmiers et qu'on est capable de faire des grandes choses après quelques mojitos (du genre inventer un opéra).
Je me suis sentie un peu comme dans l'Auberge Espagnole, au moment où ils sortent pour la dernière fois tous ensemble. Un mélange de joie et de tristesse, un mélange de bien-être et de vide, un mélange de "t'as pas intérêt à sortir de ma vie après cette coloc" et de "si tu m'oublies, jt'arrache la gueule".
Je ne pouvais espérer mieux pour ma fin de vie étudiante, alors clairement oui, je recommande la coloc', je pense qu'il faut le vivre au moins une fois.

C.C

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